Pistes de l'album :
1. Vie
2. On n’jette pas un amour comme ça
3. Catastrophe
4. Rien
5. Moi fille, toi garçon
6. Il ne m’aime pas
7. Chat
8. Evolène
9. Haïku
10. Spoiler
11. J’aurais voulu qu’tu saches
12. Questionnaire
Un Haïku, dans la tradition japonaise, c’est un très court poème de 3 vers qui évoque l’évanescence du quotidien. Pour Diane Tell, c’est un témoignage magistral, en 12 chansons parfaites, sur l’impermanence des sentiments humains.
8 ans après le richement folk-rock « Rideaux Ouverts », l’artiste surdouée et productrice indépendante assumée ne s’est pas reposée sur ses lauriers et a eu envie de sortir des sentiers battus avec un album remarquablement actuel de chansons originales, dans tous les sens du terme.
Sur Haïku, Diane Tell s’est entourée d’une équipe de brillants iconoclastes qui lui ont permis d’aller jusqu’au bout de ses choix. Sous la gouverne du toujours étonnant Fred Fortin, à la réalisation, ses complices habituels, François Lafontaine, Olivier Langevin, Samuel Joly et Joe Grass ont fait éclater les paroles et les musiques comme autant de feux d’artifices.
L’album se décline comme un itinéraire de l’intime, avec un point de départ et un point d’arrivée. Il décolle avec « Vie » que Fred Fortin a spontanément écrite, paroles et musique, pour Diane. Loin du rock de Galaxie, il a plutôt signé la parfaite chanson de la Diane Tell familière, une jolie bossa d’Abitibi, tendre mais douce-amère. Il émaille l’album de 2 autres petits bijoux de nuances et d’âme à vif : « Catastrophe » et « Chat ».
Pour « Haïku », Diane a recruté un nouveau collaborateur, l’écrivain suisse d’origine serbe Slobodan Despot qui nourrit les 3 titres qu’il a signés, avec Diane à la musique, de son écriture emplie de philosophie. « On n’jette pas un amour comme ça », premier simple tiré de l’album, valse doucement sur le regret et l’abandon. « Rien », à l’humour mélancolique, sautille sur une mélodie subtilement jazzée. « Questionnaire » termine l’album avec des interrogations fondamentales sur un rock contemporain assumé qui nous rappelle la force de mélodiste de Diane Tell.
Diane s’est gardé la part de la lionne avec 4 chansons fabuleuses, dont elle signe les paroles et la musique. « Il ne m’aime pas » est une déchirante balade du regret, aussi inoubliable que « Si j’étais un homme ». « Evolène », à la rythmique obsédante, est un exorcisme intense mais rieur, coloré des demi-teintes de la Suisse où elle a élu domicile. « Haïku », toute dans la subtilité et le dépouillement, fait de ses mots une incantation intime de l’âme. Sur « Spoiler », Diane s’est lancée tête baissée dans une écriture éclatée, secouante, à la rythmique obsessive, pour tracer un portrait impitoyable de notre vie fragmentée.
L’album est complété par la jolie, tendre et chaleureuse « Moi fille, toi garçon » qu’elle co-signe avec Serge Farley-Fortin et par la très émouvante « J’aurais voulu qu’tu saches » du poète Alain Dessureault sur une musique à fleur de peau de Serge Farley-Fortin. Diane y livre une puissante interprétation qui ébranle quiconque l’écoute. Un grand moment.
Cet album charnière dans la carrière de Diane Tell a été nourri des images du grand artiste basque Koldobika Jauregi, la prise de son et le mixage ont été faits par Pierre Girard et c’est le maître Bob Ludwig, que Diane a retrouvé avec plaisir, qui a fait le mastering.
Haïku, à réécouter en boucle parce que la vie vaut la peine d’être bien racontée. – Marc Desjardins